Bonjour à vous, lectrice ou lecteur,
Depuis quelques temps la question de la sorcière prédomine dans ma façon de pensée, entre autre, à cause du travail.
Je vais régulièrement à Paris, présenter nos futures nouveautés (pour Alliance Magique Editions, dont je suis directrice de la communication) à notre diffuseur, qui en fera ensuite la promotion auprès des librairies dans toute la France.
Et à chaque fois, je fais face à des néophytes de l'ésotérisme, de la culture sorcière et paganiste, ainsi que de la magie en générale. Il est donc primordial que mes mots soient clairs et que mes explications soient toujours accessibles. Car en face, le libraire ne sera pas plus connaisseur.
Je me dois ainsi d'être un pont entre la communauté à qui s'adresse nos ouvrages, et les vendeurs de nos livres qui ne connaissent pas notre communauté, ni ce qu'elle implique (dans une très large majorité, ça ne se vérifie pas pour tout le monde évidemment).
La question de ce début octobre a été simple "nous n'arrivons pas à comprendre ce que veut dire "sorcière" en tant qu'univers".
Spontanément, j'ai répondu "la sorcière incarne aujourd'hui l'archétype de la femme qui cherche la connexion aux savoirs traditionnels, dont l'herboristerie par exemple, tout en étant libérée du carcan patriarcat, incarnant la femme forte, indépendante, affirmant son identité par sa différence et son recours aux forces naturelles."
Puis je suis repartie, en me disant qu'il faudrait que je fasse un article pour le prochain magazine alliance magique, pour expliciter mon idée, et la faire comprendre de façon plus large.
De fil en aiguille, dans le travail personnel introspectif, constant, que je mène chaque jour, s'est dessiné aussi ma propre identité : suis-je sorcière ? Selon ma définition, oui, depuis mon adolescence.
J'ai encore souvenir d'avoir demandé une encyclopédie des plantes médicinales à 15 ans, pour la plus grande surprise de mon père me demandant si j'étais bien certaine et si je voulais pas plutôt un CD de musique, ou un jeu vidéo (geekette power). J'ai eu mon encyclopédie (que je garde précieusement depuis toutes ces années et que j'ai fini par connaitre par cœur), tout en allant regarder en cachette, dans les mois qui ont suivi, au rayon ésotérisme de ma fnac locale, les propriétés magiques de ces plantes, qui étaient rapidement abordées dans le livre, pour comprendre l'origine des considérations pharmaceutiques de chaque plante.
Pour vous donner un exemple, la mandragore et ses propriétés magiques que je n'ai même pas besoin d'exposer, entre dans l’hôpital dans le cadre de l'anesthésie, aujourd'hui.[1]
Bon, je m'égare en racontant ma vie, mais c'est pour faire comprendre que jusqu'à présent, je ne m'étais jamais définie comme "sorcière". Prendre l'identité de la sorcière, ce n'est pas que l'incarner, c'est aussi l'accepter. C'est aussi accepter d'être différente et d'assumer cette différence, avec ce qu'elle implique.
La chasse aux sorcières n'est pas si loin que ça historiquement, et rien ne permet de prévoir ce que sera politiquement les préférences populistes d'un pays dans les années à venir en ces temps troublés.
Être sorcière, ce n'est pas forcément pratiquer la magie. C'est aussi avoir envie de se reconnecter à sa nature de femme (sans entrer dans le féminin sacré, mais au moins dans l’incarnation d'une puissance naturelle, comme celle du masculin, en équilibre face à l'autre, sans rapport de domination). C'est aussi se reconnecter à la nature : réfléchir à notre impact sur l'environnement, revoir ce que les plantes peuvent apporter en terme de soin, de vie, de confort, de guérison aussi. C'est aussi un style de vie : les herbes sèchent sur le panier en osier, les soupes d'orties font partie du décor, pendant que les talismans en bois servent de décoration dans la maison, ou que le dernier calendrier alliance magique des sorcières rappelle les dates de sabbat à venir.[2]
Et loin de l'image d’Épinal de la sorcière sacrifiant trois poulets et deux bébés, le sabbat est au contraire une acceptation des cycles naturels, et un travail d'accompagnement de la vie au travers de ces cycles. Chaque sabbat représente une étape naturelle et sociale de la vie (moisson, rappel de nos ancêtres, course du soleil) pour nous inclure dans notre environnement et notre société.
C'est aussi ça être sorcière : savoir concilier vie naturelle et vie sociale. Être humble face à la force de la Nature, tout en travaillant avec elle. Savoir respecter autrui en commençant par se respecter soi-même. Savoir dire non avec respect et se faire entendre en tant que personne.
Suis-je sorcière ? Oui.
Et c'est ainsi qu'un nouveau chemin s'ouvre pour moi, à l'aulne de la fin d'année celte, à l'approche de Samhain. Un nouveau cycle va s'ouvrir, promettant de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes et de nouvelles questions.
Merci à vous de me suivre !
Hagel
[1] Le Gazier : la légende de la mandragore, quand l'anesthésie rejoint la magie noire
[2] Alliance Magique : Calendrier sorcière 2018
Credits :Photo by Allie Dearie on Unsplash